Interview d'artistes : Cytil Atef

Interview d'artistes : Cytil Atef

D’origine franco-irano-germano-américaine, Cyril Atef est un batteur percussionniste d’actualité, mais surtout un musicien né. De son enfance musicale berlinoise à sa progression au Percussion Institut of Technology de Los Angeles, en passant par le Berklee College of Music de Boston, les années 90 sont celles de la révélation pour cet énergumène du rythme.

Complice de Princess Erika pendant plusieurs années, la musique l’a fait jouer aux côtés d’artistes tous styles confondus : Julien Lourau, Cheb Mami, L’Orchestre National de Barbès, Brigitte Fontaine, Alain Bashung ou encore Gnawa Njoum Experience.

Aujourd’hui après de nombreux concerts, la consécration est au rendez-vous ; son duo Bumcello qu’il fonde en avril 1999 avec Vincent Ségal trouve son public avec plusieurs albums au compteur et il joue avec -M- une figure emblématique de la scène pop-rock-chanson française actuelle. Cyril Atef - batteur atypique et polyvalent à la baguette magique - à ne pas bouder.

Cyril, pourrais-tu nous décrire tes débuts de musicien, ton éveil à la musique ?

Tout à commencé par ma naissance à Berlin en 1968, d’une mère française et d’un père iranien. Dès l’âge de trois ans, je tapais naturellement partout ! J’étais attiré par le rythme, mais mes parents n’étaient pas musiciens, bien que mon père avait l’habitude de tapoter un peu partout (sans doute ses origines ressortaient) et qu’ils avaient une collection de disques intéressante. Tout ça m’a sans doute influencé. Ensuite vers l’âge de six ans, j’ai décidé de prendre des cours de batterie. Mes premiers cours étaient surtout techniques, avec l’apprentissage des rudiments de la caisse claire sur un pad en caoutchouc, mais je ne jouais encore pas sur une batterie.

A l’âge de dix ans, mes parents ont déménagé aux Etats-Unis, à Los Angeles. Mon père construisait des maisons et voulait se mettre à son compte. Il trouvait que Los Angeles ressemblait un peu à Téhéran, avec le côté montagneux et un peu désertique. Ma sœur et moi on a subit un véritable choc culturel ! J’ai continué les cours de batterie là-bas et on m’a acheté ma première batterie vers l’âge de dix ou onze ans, une petite batterie d’occasion. Après je me suis fais viré d’une l’école catholique, et mes parents m’ont envoyé vivre chez mes grands-parents, à Dole dans le Jura. On était en plein mouvement punk, avec la musique un peu new-wave ou dark-wave. Je suis resté trois ans dans le Jura, où je m’ennuyais sans avoir trop la possibilité de jouer en formation, mais en m’entraînant régulièrement.

Comment es-tu devenu batteur professionnel ?

Une fois que j’ai eu seize ans, je suis retourné à Los Angeles vivre avec mes parents, et là j’ai eu la chance de prendre des cours avec Joe Porcaro, un super batteur, qui est le père des frères Porcaro, du groupe mythique « Toto ». J’ai eu trois mois de cours privés avec lui – c’était vraiment un mec sympathique et il m’a conseillé d’aller à la P.I.T (Percussions Institut of Technology, Musician’s Institut). Mes parents m’ont aidé et en septembre 1984 je suis entré dans cette école pour une année et demie. Pendant cette période j’ai fais un break pour partir en tournée avec un groupe de black américains et nous sommes allé dans le sud des Etats-Unis. Une expérience superbe et très galère, surtout au niveau financier, mais au niveau humain c’était le pied. J’avais dix sept ans et je vivais un moment génial.

A l’entrée de la P.I.T., je suis devenu tout de suite sérieux et rigoureux dans mon travail, ce qui m’a permis de progresser rapidement, notamment dans la lecture du solfège rythmique, et la compréhension des différents styles et de leur feeling. On a travaillé en big band, et aussi en formation jazz, funk, latine ou soul et rock. Et là j’ai vraiment commencé à prendre mon pied et à développer un son personnel - c’est ce que je recherchais et je travaillais non-stop pour ça ! J’ai ensuite joué avec plusieurs groupes de Los Angeles, avec des groupes pop, reggae, jazz, dans tous les styles. A côté de la musique je travaillais aussi pour me faire un peu d’argent, avec des jobs comme vendeur de sandwich. J’étais en quelques sorte un musicien semi professionnel vers dix sept ou dix huit ans.

J’ai fais le tour de tous les clubs de Los Angeles et puis ensuite j’ai voulu économiser de l’argent pour aller à Boston pour étudier la théorie, l’harmonie et la composition. Ce que la majorité des batteurs ne font pas d’ailleurs, et ils n’ont pas conscience du bagage harmonique et mélodique qu’il faut pour être un batteur complet et professionnel. Malgré que l’école de Boston - la Berklee School of Music - soit très coûteuse, mes parents m’ont aidé et j’ai économisé un maximum. Car les écoles aux Etats-Unis ne sont pas gratuites ! Et c’était un but que je voulais atteindre ! Rien qu’à l’idée de travailler et de progresser encore, d’être sur un campus et de rencontrer d’autres musiciens j’étais ultra motivé. J’allais rencontrer des tueurs qui fracassent tout ! D’ailleurs il faut avoir un passion forte, une force psychologique pour y aller ! Sinon tu peux être découragé tout de suite en voyant la force de certains mecs.

Arrivé en janvier 1989 à Boston, j’ai commencé à rencontrer des tonnes de musiciens différents, du Japon, d’Europe, d’Israël, du Brésil, etc. Je suis très nostalgique de cette époque, qui était forte et intense. Pendant un an et demi j’ai eu des cours et je jouais dans des groupes. J’ai surtout joué avec un groupe qui s’appelait « Ozain », dont le nom s’inspirait d’un orisha de la santería, Osain (1). Avec Marcello Rossi aux congas et petites percussions, c’est un argentin d’origine qui a grandit aux Etats-Unis, et avec deux brésiliens qui jouaient aux cloches et au surdo, et moi à la batterie. Le groupe jouait un mix de plusieurs styles et on allait un peu partout mais souvent du côté de Cambridge, là où il y a l’école de Harvard. Ozain jouait des rythmes assez speed, très dansants, avec des mélanges de soca, de rumba guaguanco, maracatu, et des rythmes de batucada.

Ça marchait bien et on se faisait de l’argent, c’est comme ça que nous avons décidé de prendre un billet d’avion et d’aller jouer en Europe pour faire une tournée. On est allé à Bruxelles en juin 1990 et de là nous avons commencé à chercher des concerts sur Amsterdam et Berlin ma ville natale, dont le mur venait d’être détruit. Puis à Munich et à Innsbruck où j’avais des amis. Ensuite nous sommes allé à Avignon pendant le festival, où on a été engagé presque tous les soirs. C’était trop bon !

Pendant trois semaines du vrai "sex and rock and roll" ! (Rire). Vraiment un moment superbe de la tournée qui était dure jusque là. Après nous sommes allé sur Paris et les deux brésiliens du groupe sont repartis aux Etats-Unis pour leurs études. Marcello et moi sommes restés sur Paris pour attendre nos deux copines qui allaient nous rejoindre et qui dansaient et chantaient un peu dans le groupe. On a ensuite pas mal joué dans des clubs parisiens, surtout à Pigalle au New Moon, un lieu récemment détruit. Depuis cette tournée je réside à Paris.

Vous avez continué le groupe « Ozain » ?

Non, Marcello est repartit à Los Angeles quelques mois après et j’ai eu l’occasion de jouer avec un groupe de Marseille où j’allais souvent à cette époque. Le milieu de la musique world était grandissant, Paris était un des centres de la création, et tout ça m’a permis de rencontrer des musiciens exceptionnels comme le bassiste Noël Ekwabi qui jouait entre autre avec Francis Bebey. Noël et moi avons joué ensemble et nous sommes devenu la section rythmique de la chanteuse Princess Erika. J’ai joué avec elle de 1991 à 1995, sur deux albums. Dans son groupe il y avait le percussionniste, Arnold Moueza, un antillais grave ! (Sourire) Un super conguero et joueur de batas, quelqu’un de très discret. Et j’ai rencontré de plus en plus de gens, comme Matthieu Chédid justement, qui accompagnait son père ou Jérôme Pigeon.

La formation de Princesse Erika me prenait du temps mais je montais des projets un peu partout et le batteur Francis Lassus m’a contacté pour faire partie d’un spectacle avec 12 batteurs, « Tam Tam l’Europe ». Un projet superbe qui m’a permis de rencontrer des gens formidables. On a joué au cirque de Reims en 1992 et en 1993 encore à Reims et à Rennes puis Berlin. Ensuite des gens m’ont demandé de remplacer des batteurs, ce qui m’a donné l’occasion de jouer des styles différents encore une fois. J’ai remplacé par exemple le batteur Karim Ziad pour des concerts avec Cheb Mami et puis j’ai joué avec l’Orchestre National de Barbès et en 1995 j’ai rencontré le saxophoniste Julien Lourau avec qui on a décidé de fonder l’Olympic Gramofon. Au début ce groupe était composé de Sébastien Martel, Vincent Ségal (que je venais de rencontrer et avec qui je joue dans Bumcello aujourd’hui), Eric Löhrer, Julien et moi. DJ Shalom nous a rejoint plus tard. Et tu vois c’est marrant, parce qu’aujourd’hui nous sommes quatre musiciens de cette formation à jouer avec Matthieu Chédid. Le groupe Olympic Gramofon n’a pas continué, on avait tous des occupations et Julien venait de signer chez Warner avec son « Julien Lourau Groove Gang ».

C’est donc à cette époque que tu as fondé le duo « Bumcello » avec Vincent Ségal au violoncelle ?

Non, mais c’est né de cette rencontre avec l’Olympic Gramofon et d’un concert au Cithéa à Paris. On a décidé de commencer avec Bumcello en 1999 et je me recentrais en faisant plus de projets personnels. Mais ce n’était pas très sérieux au départ, c’était les gens des salles de concerts qui nous motivaient. En avril 1999 on a vraiment commencé et on a enregistré notre premier disque dans le studio de Matthieu Chédid.

On a ensuite fait un disque chez Radio France dans la collection Signature, avec une section du disque composée pour le ballet « Dissection d’un Homme Armé » de Bernardo Montet. A cette époque Vincent et moi avions commencé à tourner en trio avec Matthieu Chédid. En 2000, on a cartonné avec l’album de -M- « Je dis aime » et on a tourné jusqu’à la fin de l’année ensemble.

Fin 2001, on a signé avec Bumcello sur le label "Tôt ou Tard", sur lequel on a enregistré l’album « Nude For Love ». Depuis on a fait des bonnes tournées et on a sortit un double album live, « Get Me ! ». Pour le moment on travaille avec Matthieu Chédid avec qui on tourne jusqu’en 2005. Bumcello est un peu en suspend mais on repartira en studio et en tournée dans le courant de l’année 2005.

On remarque dans ton jeu de batteur, que ce soit avec Matthieu Chédid, Princess Erika, Yves Robert ou avec ton duo Bumcello, que tu aimes l’exploration, la recherche du son, et que tu es autant à l’aise avec des tournes complexes ou plus minimalistes. Tu penses que c’est pour ça que des gens te contactent pour jouer ?

Je crois que l’on me contacte pour mon style. C’est pour ça que l’on m’appelle pas si souvent que ça. Je dois avoir un style trop marqué pour des gens. Mais de toute façon je tiens à garder mon côté original !

Tu te considères plus comme un batteur ou un percussionniste, ou les deux ? Et est-ce que tu vois une différence entre batteur et percussionniste ?

Je dirais plutôt que je suis un batteur percussionniste. Je ne suis pas un spécialiste des percussions à mains, mais je trouve que les deux sont très proches. L’une n’empêche pas l’autre. Par contre, je vois souvent des batteurs qui touchent aux percussions à mains mais ça ne rend pas grand-chose. Personnellement, je ne suis pas un spécialiste des percussions à mains, mais travaille avec et j’adore ça.

Quels musiciens t’ont vraiment inspiré dans ton apprentissage ?

C’est plutôt des styles musicaux, des groupes, des courants qui me plaisent. L’Afrique par exemple m’a carrément hypnotisée. Le jazz aussi avec Nina Simone et le rock avec Led Zepplin, le blues, le funk, le rai, tout ! Franchement j’aime vraiment beaucoup de choses … mais rien de précis.

Quels sont les batteurs, tous styles confondus, qui t’ont donné des frissons ?

Que Dave Weckl … (Long silence puis fou rire commun)

Non, je rigole … c’était pour voir ta réaction, il est trop technique et sa musique n’a pas vraiment d’âme pour moi, ce n’est pas du tout ce que j’aime dans la musique. Mais il y en a plein qui m’ont vraiment impressionné, comme le batteur John Bonham de « Led Zepplin », Steve Jordan, Elvin Jones ou encore Steward Copeland de « The Police ». Toutefois je n’ai pas de préférence pour des batteurs individuels, plutôt pour des courants, des styles, des rencontres, comme je te le disais précédemment.

De tes nombreux voyages, qu’est-ce qui t’a le plus choqué dans le paysage musical français ?

Pas grand-chose, mais étant donné que j’ai la double nationalité française et américaine, je vois la différence entre le système américain, car là-bas tu bouges ton derrière ou tu crèves ! C’est aussi simple que ça ! Ici tu peux devenir intermittent du spectacle et le fonctionnement est plus souple, bien qu’en ce moment ce soit difficile avec les changements politiques et c’est dommage. Ce système est bien malgré que des artistes se soient endormis et profitent malheureusement du système, voilà le problème.

Pourrais-tu nous décrire ton set ? Celui que tu utilises et que apprécies le plus ?

J’ai une grosse caisse fabriquée par Pape Dieye, un percussionniste sénégalais qui est aussi créateur d’instruments. Ma grosse caisse est comme un gros Djembé très épais, c’est trop bon ! Elle te prend aux tripes ! Plus une caisse claire, un tom basse de 16 pouces, une bonbonne d’eau, un charley, une ride-cymbale, une crash-cymbale, des petites percussions comme des woodblocks ou des cloches et un tambour égyptien. C’est en gros le kit de Bumcello.

Est-ce que tu travailles aussi avec l’électronique ?

Oui, avec Bumcello et pour mon projet solo, j’utilise un vieux sampler, le Akai Head Rush (2), qui s’intègre dans le concept d’improvisation de Bumcello. Je fais des boucles en live, avec ma voix et les instruments.

On te voit sur scène en compagnie de -M- ou Bumcello, avec des instruments différents comme le cajon, les kess-kess, ou le kalimba. Comment as-tu découverts le Hang , que tu utilises avec -M- ?

Ça fait deux ou trois mois que je joue du Hang drum avec Mathieu. Le cajon j’en jouais sur la dernière tournée de -M-, le Kalimba c’est avec Bumcello que j’en joue. Sinon le Hang drum c’est vraiment un instrument génial, je connais ça depuis que Matthieu l’a acheté. Et depuis nous l’avons intégré au spectacle. Je joue le Hang drum en duo avec Vincent Ségal, c’est une sorte d’interlude pendant le spectacle de -M-. Les gens apprécient et je trouve cet instrument vraiment superbe, c’est une belle invention, une continuité du Steel-drum.

Est-ce que tu fabriques toi-même des instruments ?

Non rarement, mais j’ai construis mon propre cajon. Même si je suis un bricoleur du dimanche, il n’est pas trop mal, un peu roots mais bien.

Qu’est ce que tu penses de la danse, du corps ? Et quelle place prend la scénographie dans ton jeu de batteur ?

J’ai besoin de me lever, de danser, de bouger. Avec Matthieu on fait d’ailleurs une chorégraphie sur la nouvelle tournée. Sur le morceau « Psycho Bug » de son dernier album, « Qui De Nous Deux ? ». Avec Bumcello, je vais dans le public, j’ai besoin d’avoir un contact avec le public. C’est donnant/donnant, je lâche une boucle et je vais dans le public. J’adore vraiment le mouvement, la danse.

Tu parlais d’un projet solo tout à l’heure. Tu prévois de jouer de la batterie en solo ?

Oui, j’aimerais bien monter ça. Ce projet solo va s’appeler « CongoPunQ » ; et sera un mélange de rythmiques punk ou hard-cor avec des rythmes zaïrois, comme les rumbas zaïroises qui sont très rapides. Mais je vais tester ça pendant des soirées à l’improviste et on verra.

Enfin, tu conseillerais quoi à un percussionniste qui souhaiterait débuter et travailler la musique ?

Je lui conseillerais d’écouter des tonnes de styles différents sans se limiter et apprendre les bases de son instrument. Par exemple si tu travailles les congas ou le Djembé, il faut apprendre certaines rythmiques de base.

Travailler la technique propre à son instrument c’est une clef. Mais il faut rester les yeux et les oreilles ouverts sans devenir trop « puriste ». Ce n’est pas ma démarche, pour moi le plus important c’est de trouver sa voie intérieure sans devenir un puriste extrême afin de garder sa propre personnalité.

© Jimmy Braun / Djoliba – Juin 2004/Septembre 2017 — Avec l’aimable autorisation de Cyril Atef.

(1) Osain (cu.) : dieu de la Santería, le panthéon afro-cubain. Divinité des plantes. Il est l'Orisha (dieu, divinité) propriétaire de toutes les plantes. Osain est important parce qu'on a besoin de plantes spécifiques pour les cérémonies de communication avec les autres Orishas. Ses couleurs sont le blanc, le jaune et le rouge et son jour le dimanche. Osain a de nombreux pouvoirs.

(2) Head Rush “Tape Echo Simulator / Loop Recorder”. http://www.akai.com - http://www.akaipro.com

Quelques éléments discographiques :

  • Olympic Gramofon 

“Olympic Gramofon”. CD Pee Wee 1996/ Réédition LBLC 6660. Indigo/Label Bleu 2003.

  • Bumcello

“Get me". CD. Label Tôt ou Tard. Distribution Warner 2002.
"Nude for Love". CD. Label Tôt ou Tard. Distribution Warner 2002.
"Booty Time". CD. Label Signature. Distribution Harmonia Mundi 2001.
"Bumcello ". CD. Label Comet Record. Distribution Discograph 1999.

  • -M- (Matthieu Chédid)

“Qui de nous deux”. CD. Label Delabel.2003.
“Le tour de -M- ”. Double CD Live. Label Delabel.2002.
“Je dis Aime”. CD. Label Delabel.2000.


  • Sites Internet :

http://www.bumcello.com [Site officiel du duo Bumcello]
http://www.qui2nous2.com [Site officiel de -M-]
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http://www.stewartcopeland.it
http://www.elvinjones.com
http://www.led-zeppelin.com/johnbonham
http://www.berklee.edu